ia et sécurité sur chantier

L’intelligence artificielle au service de la sécurité des ouvriers

Contexte et enjeux

Sur les chantiers de bâtiment et travaux publics, les troubles musculo-squelettiques (TMS) constituent la première cause de maladies professionnelles reconnues avec plus de 80 % des cas dans le secteur, majoritairement liés à des gestes répétitifs, des postures pénibles et des manutentions de charges .

Des solutions IA concrètes pour lutter contre les TMS

Des outils d’intelligence artificielle permettent désormais d’identifier, analyser et prévenir les postures à risque sur les chantiers.

C’est le cas de certaines applications mobiles qui utilisent la vision par ordinateur pour analyser les mouvements des compagnons. En filmant un ouvrier en action, l’IA détecte les angles articulaires, évalue les efforts et classe les gestes selon leur niveau de dangerosité ou de pénibilité. Par exemple, Kinetica Labs propose une application mobile d’analyse ergonomique automatisée, tandis que Soter Analytics utilise des capteurs connectés et de l’IA pour suivre les mouvements et fournir un retour en temps réel. L’utilisation de ces outils implique le respect du règlement général sur la protection des données (RGPD) : les opérateurs doivent en être informés, les données traitées de manière sécurisée (par exemple anonymisées), et la captation strictement limitée à des finalités de prévention. À la clé : des recommandations ciblées pour améliorer l’ergonomie des postes, prévenir les TMS et garantir la santé des opérateurs 💪.

Ce type d’outil a l’avantage d’être accessible et non intrusif. Il suffit d’un smartphone pour capturer la séquence, et les résultats s’affichent immédiatement. L’entreprise peut ensuite adapter l’outillage, ajuster les cadences ou intégrer des équipements comme les exosquelettes. Des solutions comme ErgoSanté, avec ses exosquelettes HAPO, combinent ces analyses avec des dispositifs d’assistance physique pour soulager les efforts.

D’autres solutions consistent notamment à installer des caméras fixes sur site pour analyser en continu les postures ou les déplacements. L’IA agit alors comme un capteur intelligent, capable de faire remonter les comportements à risque ou les zones de danger sans interrompre l’activité. Des systèmes comme Intenseye ou Protex AI permettent ce type de surveillance intelligente en temps réel, tout en garantissant l’anonymat des personnes filmées. Ce suivi discret et constant améliore la prévention sans alourdir les procédures.

L’intelligence artificielle contribue ainsi à une approche proactive de la sécurité, grâce à laquelle l’accident n’est plus une fatalité mais un événement pouvant être anticipé et susceptible d’être évité grâce à l’analyse en amont 🛡️.

L’arrivée de l’IA dans le métier du coordonnateur sécurité (CSPS)

Une fonction centrale dans la prévention des risques

Le coordonnateur sécurité et protection de la santé (CSPS) joue un rôle clé dans la gestion des risques liés à la coactivité sur les chantiers. Il est chargé :

  • de la rédaction du plan général de coordination (PGCSPS),
  • de l’organisation des inspections communes,
  • du suivi des entreprises et du registre journal,
  • de la veille de l’application des mesures de prévention à chaque étape du chantier.

Mais cette fonction, cruciale, est aussi marquée par une forte charge de travail, une grande dispersion des informations et la complexité croissante des projets. C’est dans ce contexte que l’IA vient offrir de nouveaux leviers de simplification et d’efficacité.

Des outils qui assistent sans remplacer

Certains systèmes d’intelligence artificielle sont capables d’analyser les plannings d’intervention, d’identifier automatiquement les situations de coactivité problématiques, voire de proposer des réajustements. Par exemple, des solutions comme PlanRadar ou Nexar utilisent des algorithmes d’IA pour analyser les plannings et les flux de travail sur le chantier, détecter les chevauchements de tâches ou d’espaces qui pourraient provoquer des risques, et proposer des ajustements pour améliorer la sécurité et l’efficacité. Cette solution permet au CSPS de mieux planifier les visites et de concentrer son attention sur les zones sensibles. L’intelligence artificielle intervient ici comme outil d’assistance : le coordonnateur sécurité demeure pleinement responsable des décisions liées à la prévention et à la sécurité sur le chantier.

L’IA peut aussi analyser les données issues des capteurs présents sur le chantier :

  • flux de personnel,
  • déplacements d’engins,
  • conditions météo, etc.

Par exemple, Sitemate ou SiteAware collectent des données en temps réel provenant des capteurs pour analyser les déplacements et les activités sur le chantier, anticiper les zones de congestion, et détecter des conditions dangereuses comme une météo extrême ou des machines en surchauffe.

Elle en tire des informations et des alertes contextualisées, envoyées en temps réel au coordonnateur, qui peut alors agir immédiatement ou prévenir les entreprises concernées 🚨.

Enfin, les solutions d’automatisation documentaire permettent de générer des comptes rendus de visites, des rapports d’incident ou des synthèses réglementaires sans saisie manuelle. Par exemple, des outils comme Constructsecure ou Fieldwire offrent des plateformes d’automatisation des rapports, qui analysent les données et génèrent des rapports complets sur la conformité, les incidents ou les actions à mener, ce qui permet au coordonnateur de gagner en réactivité, tout en conservant un haut niveau de traçabilité dans son action de prévention.

Un gain de temps… au service du terrain

Loin de déshumaniser la fonction, l’IA libère du temps administratif pour favoriser la présence terrain. Le coordonnateur peut consacrer davantage d’énergie à :

  • sensibiliser les équipes,
  • échanger avec les chefs de chantier,
  • renforcer la culture de la prévention.

Les bénéfices sont clairs : meilleure anticipation des risques, réactivité renforcée, allègement des tâches répétitives, et contribution active à un chantier plus fluide et plus sûr ✅.

En résumé, l’intelligence artificielle ne se contente pas de numériser les pratiques existantes : elle transforme en profondeur la manière de prévenir les risques sur les chantiers. Pour les compagnons comme pour les coordonnateurs, elle devient un allié stratégique, à la fois discret, efficace et résolument tourné vers l’avenir.